samedi 15 août 2009

Semaine "Moitessier" du 07 au 13 septembre

"Chez nous"

"ha les écluses de normandie !"

Arrivée centre de Caen


La nav'

les équipiers.

Nous avons pour cette semaine Moitessier appliqué le principe très épicurien chère à Bernard, trouver le plaisir dans les choses simples que la mers veux bien nous donner.
Babette a tenu un carnet de voyage, en voici la transcription, avec quelques extraits gardés en exclusivité quand même.

J'ai navigué dans des mers plus tranquilles

"Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir" disait René CHAR. Peut-être que je m'obstine moi, à fabriquer des souvenirs marins pour que le rêve ne disparaisse pas tout à fait. Les hommes que j'ai aimés étaient "in fine" des "reste à terre"…conjurer le sort… à moi de larguer les amarres mais ne rien abandonner derrière soi. Juste placer des balises cardinales latérales que je révise désespérément pour oublier que je balise un max ! De nouvelles raisons à ça… une aventure nouvelle imprévisible qui, je l'espère, ne sera pas sur un navire au tirant d'eau plein de routine, petite phrase retrouvée au hasard d'un banal rangement dans un carnet datant d'il y a fort longtemps, peut-être à un temps où ma vie s'envasait dangereusement ? Des compagnons de croisière : inconnus, jeunes, vieux, sympas, cons, bougres, routards, marins. L'intitulé croisière Moitessier a certainement guidé des choix ou peut-être pas. Un itinéraire au bon gré de la météo et qui ne sera connu que lundi matin 7 date du début du stage. Les Iles anglo-normandes sur les pas de Victor Hugo me tenteraient. Peut-on résister à son invitation de poète qui promet de connaître une idylle en pleine mer ? J'aimerai accoster à Jersey, la plus grande "le sauvage et le riant mariés au beau milieu de la mer". Longer Sercq, l'une des plus petites "un miracle d'une lieue de long". Visiter Guernesey "si hospitalière aux fleurs". Dame météo décidera. Mon balisage aussi touche à un domaine plus intime du haut de mon 1m58 (aux plus beaux jours) et de mes 61 ans, serai-je à la hauteur de ce type de navigation, il y a tant de choses à connaître en mer et j'en sais si peu ! Mes bourlingages multiples devraient quand même m'être utiles mais face à la mer on est si petit ! Il faut tellement d'humilité que j'ai peur d'avoir tout oublié, règle de cras, nœud de chaise, route de collision.

Dimanche 6 septembre – 21h30 - Seules compagnes, les mouettes qui guettent les miettes de mes sandwichs, le bruit des bateaux qui rentrent au port, un peu plus loin les lumières de la ville du Havre, en l'occurrence un voilier glisse sur l'eau et rentre à la voile, lumière rouge en haut du mât , les moustiques attaquent, des bouées vertes s'allument : vert tribord, rouge bâbord. J'ai bien révisé Nomade, car tel est le nom du bateau sur lequel je me suis installée, se dandine au gré des entrées des bateaux voile, l'aventure commence. Mes compagnons de bord ne seront là que demain. C'est étrange, seule sur ce bateau inconnu mon angoisse s'estompe tout doucement.

Lundi 7 – 9h30 - Nuit blanche, blanche comme la plupart des voiliers à quai – une lune arrogante et pleine… un peu ou beaucoup de stress – Nomade qui tirait sur ses amarres parfois un peu brutalement … bizarre de ne pas dormir en ayant l'air de le faire – soleil ce matin – l'équipage arrive…
Départ 11h30 – première bière 11h45… Quittons le Havre – ville classée par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité pour ses constructions de l'après guerre – Beton … Denis est en train de raconter le débarquement - à ½ mille au nord une ligne de gros bateaux tankers chimiquiers au mouillage. Ils attendent non seulement la marée mais aussi le cours de la bourse. Je rêve - mais nécessités économiques priment même en mer – Moitessier où es-tu ? Nous visons l'hôpital de Caen et la ratatouille de midi – mer pleine, grand soleil, pas de vent par contre. Denis à la ratatouille, Christa à l'oignon… un peu plus loin toujours au moteur un voilier à tribord sans voile. (Alain à la barre et à la causette, parlons de convivialité et … aussitôt la douce odeur de l'oignon grillé arrive jusqu'à nous. Pierre m'avait prévenu, Denis est un excellent cuisinier, important en bateau. Cécile bronze… rougit même vu que ça cogne. Un gros ferry venant d'Angleterre nous double.
15H30 – Arrivée à l'écluse d'Ouistreham nous y rentrons de justesse, les bateaux s'y bousculent. Conversation avec un jeune pêcheur : "Il faut aimer le fluvial" dit-il. Nous allons sur un canal, l'eau monte dans l'écluse… on monte avec. 1ère écluse pour moi. Un petit mile à la voile ensuite merci la brise thermique c'était calme… fin au moteur pour mouiller dans un petit coin charmant près du "Pegasus Bridge", haut lieu du débarquement. Après s'être amarré sur un vieux quai bordé de peupliers, nous avons visité le Mémorial Pegasus, musée qui raconte les différentes missions confiées aux soldats de la 6e Division aéroportée britannique, dont le plus spectaculaire fut la prise du pont de Bénouville par le Major Howard et ses hommes arrivés à bord de 3 planeurs. Balade ensuite dans le village et pot dans le café Gondrée – petit café typique construit en 1865 et qui a été le 6 juin 1944 la première maison et famille de France libérée.
Retour à bord en quête d'une grille de barbecue pour faire cuire notre viande – rien – on se contentera de la "grillette" achetée au Super U au Havre. Et en route pour la cuisine du soir, corvée de pluches pour Cécile et moi – confection d'un gâteau aux pommes pour Denis – recherche de cailloux pour caler la grillette pour Alain.
Puis briefing, tous dans le carré – au vu de la météo, des vents à venir ou des pas de vents (erreur j'avais écrit vin, vu que ce soir on attaque au rouge) des courants, des coefs … la route n'est pas évidente à tracer dans le secteur. Nous avons 22 milles à faire pour aller à Arromanches … mais c'est pas gagné …on verra, du soleil est annoncé ce qui, dans le coin, semble assez exceptionnel même qu'il faisait soi-disant chaud aujourd'hui…j'ai pas trouvé vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. Le pont levant se lève pour laisser passer une énorme merde transportant des produits dangereux tiré et poussé par des remorqueurs.
Avons ouvert le vin de Pierrette pour l'apéro…et la côte de bœuf sur la "grillette" Divin - on n'est pas les plus malheureux dirait Philippe ! Purée maison, gâteau aux pommes et dodo.

Mardi 8 – Quittons Bénouville à 8h45 après un petit déj honnête, un footing pour Denis, une nuit dehors pour Christa, quelques ronflements pour Alain et une nuit calme pour Cécile.
9h30 devant l'écluse où nous nous engageons après une "karchérisation" du Nomade qui, depuis, frétille d'aise dans sa blancheur retrouvée…Zut ! Il ne fallait pas s'engager dans l'écluse, du haut de son mirador l'éclusier nous a intimé l'ordre de reculer. Grand poète, Denis a cru bon de le justifier par un "qu'est ce qu'il a l'éclusier, il n'a pas eu maman ce matin" ! C'est dans la veine des blagues du petit déjeuner que je n'ai, bien sûr, pas retenues. Dommage elles auraient plu à mes copains. Le cake aux olives finit de cuire – la VHS grésille. 1ère gaffe de la journée : nous attendions à l'écluse…en vain – 5 minutes, 10 minutes, 15 minutes, personne ne se présentait juste un pépé un peu sourd, qui finit par nous dire que l'écluse n'ouvrait qu'à 10h15, il était 10h20 – que s'était-il passé ? Christa et Denis avaient planché hier sur l'heure d'ouverture de la fameuse écluse – 15 mn dans un sens – 30 mn dans l'autre…incompréhensible… jusqu'à ce que "on" s'aperçoive que Denis s'était trompé d'une semaine. Nous sommes le mardi 8 pas le 1e "Errare humanum est". Mais quand même Moitessier aurait-il fait une erreur grossière comme ça ? La bagarre pour être le premier à l'écluse est rude, virile, sans concession. Un vieux chalut bleu avec un pêcheur jaune et brique casquette marine se positionne calmement dans l'axe, de petits bateaux à moteur sans plan réel d'attaque attendent. Des voiliers sortant du port d'Ouistreham s'alignent… mais on a perdu Pépé (le pépé un peu sourd de tout à l'heure) c'est le drame pépé a coulé pendant que nous faisions des ronds dans l'eau. Ça y est le pont jaune s'ouvre enfer et damnation on est doublé. La curée dans l'écluse… impressionnant comme un grand manège sans chevaux mais avec des bateaux qui descendent de 3 mètres, faut pas se choquer, s'entrechoquer, attacher les amarres des autres, les renvoyer et puis… la porte s'ouvre et faut pas chômer renvoyer tout est à l'assaut … de la mer qui nous attend avec un foutu courant qui nous rabat sur les bouées. Ces pêcheurs sont à poste sur les bancs… coin très bon pour la pêche d'après Denis qui a, d'ailleurs, largué la ligne pour les maquereaux. Il nous en faudrait 5 pour ce soir, on sait déjà comment les préparer : papillotes avec gros sel et lauriers. Pas de vent, pas de maquereaux sur la ligne – Cécile à la barre, Alain en quête de renseignements sur les instructions nautiques, Christa a la carte 3,3 sur le fond l'anglais a sorti de la voile génois rouge GV blanche. Pépé n'a pas coulé, il est derrière le gant de toilette qui sèche sur les filières – Le point à 11 heures …. Rouge à bâbord – Direction Honfleur – cardinal nord – dans l'axe du balcon le pont de Normandie – 11h30 à la montre solaire démonstration à l'appui – 11h30 on hisse les voiles pour aider le moteur.

Problématique et raison pour laquelle la voile s'est moins développée en Normandie que dans d'autres régions : les écluses. En fait, ce matin nous n'avions que 3 possibilités : sortir, faire des ronds dans l'eau et rentrer à nouveau à Ouistreham - aller sur le Havre – et notre choix – partir sur Honfleur mais ce qui n'est possible aujourd'hui (vent très faible) qu'au moteur, sinon on rate l'écluse !
Cap donc sur Honfleur "port situé sur la rive gauche de l'estuaire de la Seine constitué d'un avant port à flot et de 3 bassins à flot".
Alain à la barre, tout fier parce que le "cap'taine" lui a dit que son cap était parfait.
Soupe chaude de purée, cake aux olives (frais de ce matin) pomme de reinette mais pas d'api. Impeccable soleil à fond, cirrus dans le ciel annonciateur de vent – ce que confirme la météo d'ailleurs.
14h30 – entrée de l'écluse de Honfleur - err seh shön und Deutsch boat à côté de nous – très chaud – 3 bateaux dans l'écluse - err deutsch sergel avec un équipage souriant à la bière et à tribord au English boat will beer also – et nous au milieu avec bière et thé allemand. La VHS nous insulte gentiment… on se serait mal placé ? et ce sont des pêcheurs qui râlent pêcheurs bateaux de pêche reconvertis au tourisme, il y a de tout dans cette écluse. 1 heure d'attente au ponton d'accueil – petit tour à la capitainerie et dans le port avec Cécile – images mythiques du vieux bassin et des façades au charme historique – ville d'histoire, fière de son passé Honfleur est selon le guide de l'office du tourisme, un port résolument tourné vers l'avenir – port de commerce, de pêche et de plaisance, la ville a su préserver et mettre en valeur un riche patrimoine historique et artistique. Elle est située aux portes du pays d'Auge et de la côte fleurie –
Révisons : 1 mille = unité de longueur = 1852 m / 1 nœud = unité de vitesse = 1 mille à l'heure. Have you the last weather forecast for this area (Avez-vous le dernier bulletin météo de la région) – Espar = signal de balisage fixe – fin de révisions. On va repartir… vieux port de Honfleur entre l'heure où les reflets des bateaux sont sublimes et le 2ème apéro et…important….après la douche où nous avons pu constater que notre capitaine avait quasi viré au rouge écarlate malgré l'écran total. Il y eut une petite balade dans ce beau village un peu bobo il faut reconnaître, beaucoup de galeries de peintres, de boutiques d'artisanat. La pomme déclinée à tous les temps, cartes postales et autres mouettes en peluche et criardes au milieu de tout ça une église Sainte Catherine toute en bois construite au XVI siècle par des charpentiers de navire – la nef comme une coque de bateau à l'envers – beaucoup de cachet pour ces maisons hautes sur pattes et étroites ardoises, briques, peu de pierres.
Ce soir 9h20 – les terrasses sont pleines, le cidre coule à flot et le pommeau nous attend. J'ai oublié de dire que ce jour, appelons le M. Day (comme mardi) a été le plus chaud non seulement de l'année, peut être de la décennie à venir. Parole de parisiens naviguant et amoureux de la Normandie – Avec 28° à l'ombre – ils sont cuits – le jour le plus long ayant déjà été fait (parole d'Alain) et fêté dans le coin, nous affirmons donc LE JOUR LE PLUS CHAUD – la nuit tombe, encore des bouffées de chaleur – c'est beau un port la nuit (clin d'œil à Bohringer qui se remet de sa déshydratation) à notre semestre lieutenance, lieu où était prélevée la gabelle - nous avons vu les greniers à sel.
Apéro divin – pommeau, cake aux olives, noisettes de chez Pierrette épluchées par Cécile, le maître-queue (c'est ainsi qu'il se définit est redescendu en cuisine) l'odeur de la convivialité monte – ce sera ce soir saucisses et riz à la brésilienne.
Une lune comme un gros ballon orange qui se lève et qui monte, monte – le reflet d'un vieux gréement en bois puis soudain une petite risée et l'image disparaît MAGIQUE. Les voisins anglais trinquent aux côtes de Blaye … 2 heures plus tard les anglais trinquent toujours. Conversations très variées on est passé de Jeanne d'Arc à Marie Stuart. L'anglais de Denis est très imagé, celui de Cécile un peu plus élaboré…de quoi mourir de rire – on en est aux batailles maritimes après avoir philosophé sur le "work for live" ou "live for work" – municipal ou private ? "Napoléon is a very good man" pérore Denis – L'english man rigole. Ah! Le vin aide dans les échanges internationaux.
3 heures du mat… Denis regagne son duvet en chaloupant sérieux et en remarquant qu'on serait tout juste arrivé en Angleterre et qu'en plus c'est ma faute parce que j'ai ramené du pinard … Il veut téléphoner à Pierre et se mettre en tenue de combat parce que les polonais du quai foutent le bordel… Il s'est enfin calé dans son duvet. Alain et Christa quittent la veille sanitaire, Cécile assommée par ses 2 heures de traduction s'est affalée dans sa couchette. Les anglais ont eu beaucoup de chance à Waterloo, mot de la fin hurlé à 3 heures du mat sur le pont d'Honfleur… la faute aux côtes de Blaye. Alain essaye de dire "on doit plusieurs fois avant que le capitaine et ses matelots sombrent dans un sommeil éthylique lourd comme un voilier échoué".

Mercredi 9 – Ce matin les équipiers sont encore endormis sauf le skipper qui est parti vérifier en footing que les quais de Honfleur se souviennent de son équipée nocturne – la sortie à 3 heures du mat, cubi de rosé à la main pour échanger quelques verres contre de la musique, ne lui vaudra pas – peut-être – que des sourires d'autochtones dormant habituellement à cette heure matinale. Ciel gris ce matin, aurait-on courroucé la météo ou le dieu Neptune himself ? Le vent semble s'être levé lui aussi. Un copieux petit déj avec du pain frais devrait avoir redonné un peu d'énergie à notre équipage – l'emploi du temps n'est peut être pas pertinent, Christa et Cécile lavent le pont un peu constellé de taches de vin… rosé ? … côtes de Blaye ? Blanc des anglais … ça fait de vilaines coulures qui résistent au produit vaisselle – les mouettes en rient encore. Christa en est à son 3° café – Cécile a failli avaler sa brosse à dents (tout en lavant le pont) et Alain toute honte bue a disparu après nous avoir appris qu'une flatulence, en d'autre terme un pet – s'appelait "un vent de derrière délicieux" sur le petit déjeuner après une salace blague du skipper. La navigation nocturne ayant été éprouvante, c'est un peu au radar que nous visitons les 2 petits musées souffle de Pierre cote dans le musée de la marine un petit musée d'Ethnographie dans une maison à pans de bois du 16ème siècle.
Les filles ont attaqué l'apéro à la bière, les mecs jurent sur tous les saints nautiques qu'on ne les y reprendra pas… 3 kilos de moules à ébarber – menu moules au roquefort.
Départ prévu à 14h00.
On s'équipe : bottes, pantalon de voile, ciré.
Cécile part chez les anglais sur une idée de notre capitaine – peut-être vont-ils la prendre en otage ? Départ costaud cirés capelés – 1 ris puis 2 ris dans la GV. Le ris dans le génois enfin à la voile mais méfiance il y a des rafales - à peu près 10 minutes après l'écluse une grosse rafale a couché le bateau, le vent pour l'instant n'est pas méchant vu que c'est l'étale, mais dans une ½ heure ça devrait changer – on va prendre le tapis roulant dans le bon sens - à tribord les énormes grues du port de commerce du Havre, les plus grosse après celles d'Anvers. Avis de BMS vent de force 7 vers 18h00, nous devrions être arrivés aux pontons – mer grise, température douce, Christa à la barre assure. La Marie Salope en vue à bâbord. Christa barre et tricote à la fois, le vocabulaire marin a de ses mystères ! "Avoir la voile du temps" par exemple signifie : avoir un bon réglage de voile, un bon choix, 2 ris dans la GV pour nous. La mer nous pousse et se creuse. Le maître bot ? (bau) (pas certaine de l'orthographe, est le point le plus large du bateau. Force 6 au portant à 15h15, ça commence à bouger – qu'est ce que ce sera après ! Alain à la barre, Denis aux réglages des voiles, Christa aux calculs en bas et Cécile au génois seul et pilote automatique… 4 heures plus tard avec des creux de 3 mètres et un vent force 7/8 au près, fallait se cappeler ligne de vie et partage des tâches pour les virements de bord. Aujourd'hui 9-9-9 St Alain avec rancune… Denis nous prépare un couscous et un gâteau à la banane – 2 copains skippers sont arrivés. Briefing du soir au vu de la météo, le temps d'aujourd'hui annoncé, le temps à venir. Il faut partir à l'envers de dimanche, donc seule possibilité Ouistreham, sachant que Pegasus – le Havre par vent de force 5-6 de face, il faut 8 heures. Donc prendre l'écluse à 7h00 donc lever à 6h00 – arrivée le Havre 17h00 – Demain encore 6-7 … Courseulles pas très protégé – on oublie. Avant Ouistreham il y a Deauville cof 70 PM+1 ça tient 16h00 dernier carat. Départ 10h00, lever 8h00. A Deauville semaine internationale du cinéma. Qu'est ce qu'on fait vendredi. Demain portant donc … un aperçu pour voir que la nav n'est pas évidente dans le secteur !

Jeudi 10 sept. – 9h30 – Le départ est prévu pour 10h30. Chacun vaque à ses occupations. Denis, après son jogging matinal (6 km pour plus de précision) a fait un cake au thon qui cuit tranquillement. Cécile fait la vaisselle du susnommé (pas Denis mais le cake au thon). Alain est allé chercher du gaz et Christa fait le plein d'eau. Étrange ce port du Havre, c'est tout béton – le centre ville a été reconstruit par l'architecte Auguste Perret dans les années 50, le défi à relever était inédit : reconstruire en presque totalité un centre ville totalement détruit et ce, avec une pénurie de matériaux et de moyens, "le béton est la pierre que nous fabriquons" dit cet architecte majeur du XXe siècle classique et novateur. Il réussit le pari de s'inspirer à la fois d'une tradition architecturale et d'une forte volonté de modernisation. Il réinvente ainsi sur 133 hectares une cité unique aérée, harmonieuse et résolument innovante (document office du tourisme).
Les matelots commencent à parer Nomade de sa tenue de mer – housse GV pliée – aussières en place – balancine à poste – le capitaine apparaît au bout du ponton le torse luisant de bonnes intentions marines. Les goélands perchés sur la digue accompagnent chaque départ d'un concert discordant et criard (merci Alain et Cécile pour l'adjectif). Salsa entre voiliers de la flotte TML est sur le départ, la drisse de GV claque au soleil ce matin. Les prévisions météo sont conformes à ce que nous avions entendu hier soir – 5-6 ce matin et à faire cet après-midi avec un avis de coup de vent force 7 – 1031 le baromètre. "Oh la vache " commente Alain. J'ai appris hier soir, entre le couscous et le gâteau à la banane, que quand le baro montait comme ça, la mer montait et que donc, pour la nav, il fallait en tenir compte. Jamais entendu dire ça – il y a tant à apprendre !
À terre le marin prépare sa nav à venir, il la pense, la repense, la pause aussi parfois – en mer le marin, non seulement, navigue mais aussi prépare son arrivée à terre. 14h53 PM au Havre – 35 minutes soit 14h18, Denis utilise des logiciels pour tout préparer à l'avance, mais il y a des écarts avec le block. Les calculs astronomiques sont répartis tous les ans. Il y a donc des écarts dans les calculs. Christa passe un temps fou sur la table à carte. Le Duc d'Édinbourg disait que le bateau (à voile ça s'entend) était le moyen le plus lent, le plus humide et le plus cher pour aller d'un point à un autre, j'ajouterai le plus compliqué aussi.
Petit café avant le départ au CRH ou quelque chose comme ça.
On s'équipe grand vent.

J'ai navigué dans des mers plus tranquilles !

Ce simple constat pour parler de la navigation cet après-midi, ce serait trop bref et très réducteur pour une côte nacrée sur un empannage pourtant bien maîtrisé. Nevermid : la mer était belle malgré une force 7 – courant + marée er arrivée en pleine mer à 14h30 comme prévu. Bravo les navigateurs, j'ai même barré un peu au départ avant que ça force… pas mal stressée, la barre à roue impressionnante, je préfère la barre franche, j'ai mis un moment à retrouver mes sensation de lof ou d'abattage (quel vilain mot) abattement ne serait pas approprié, l'abattage fait un peu bucheron, mais j'étais tellement inspirée sur ma barre à roue… 3 heures de traversée – une arrivée pas du tout évidente à Deauville, cap sur le casino à s'amarrer sur le ponton visiteur. La sortie du Havre n'était pas évidente non plus, des porte-conteneurs, des dragues, des ferries en provenance d'Angleterre. Il y a des moments où la croisière Moitessier se transforme en croisière moite-chié quand on est obligé de casser un bon port de près pour éviter un ferry qui lui, ne prend pas le canal quand il faut abattre désespérément pour ne pas faire route de collision avec la Marie salope (alias le bateau qui drague). La navigation dans cette baie de Seine est réellement très complexe ! … mais quelle lumière l'avaient bien compris les peintres impressionnistes tout éblouis et séduits par la beauté des éléments naturels de ce territoire : le ciel, l'eau, la lumière, les nuages, la Seine, la mer. Le courant d'art né dans la seconde moitié du XIX fut un mouvement de peinture révolutionnaire qui présente, non seulement, une rupture esthétique avec l'art officiel de style académique, mais aussi une rupture géographique puisque les peintres impressionnistes sortant de leurs ateliers pour peindre en plein air (source impressions en Seine Maritime OT de Honfleur).
Pas de problème pour l'amarrage, le vent souffle toujours.
Briefing à 18h00 – D'abord le capitaine revient sur la nav du jour… une petite erreur pour Christa quelques degrés… Demain vendredi 11, Christa au crayon et à la gomme, Denis à la calculette.
15h32 – pleine mer au Havre – Cécile à son rêve d'une mousse bien fraîche – Alain à l'attention et aux commentaires sur les mortes eaux – coef 63-67 – Christa veut comprendre et lance à Denis un "t'es chiant" qui refroidit l'atmosphère.
Après 10 minutes de calculs différents, ils arrivent tous les deux à 15h22 Eureka…70 et plus, vives eaux 70 et moins mortes eaux.
Donc pleine mer 15h22 – pas beaucoup de flotte – rapport aux mortes eaux. Limite de sécurité 15h22, il n'y aura pas de courant on peut partir une heure avant à 14h30. Décision météo à prendre – force 8 on ne sort pas – nous appellerons le Sémaphore de la Hève. Il ne faut pas se fier à la météo française "grand guignol". Il faut faire confiance à ce que l'on voit : baro stabilisé, cumulus dans le ciel, stabilisation des vents. "Avons grée" ensuite des habits propres pour aller se promener à Deauville – pas question d'y aller avec nos défroques de gueux marins, c'est "chicos" ici, ça sent le parisien vieux et friqué. Cécile et moi rêvions d'un bain de mer et ce, depuis le début de la semaine…en route donc pour la plage de Trouville, plage de sable gris avec des coquillages et beaucoup de vent, une baignade tonique (17°) et délicieuse. Étrange plage un peu désuète avec ses cabines bleues et blanches, ses chaises longues… Jamais vu autant de vieilles peaux… bronzées au m2.
Hypothèse : demain on sort – important l'état de la mer (pire que le vent). Après 15h22 les courants ? 60 minutes de temps universel correspond à 1h12 – Basse mer 22h36 au havre – travail avec la règle cras pour aller à Ouistreham, nous serions au portant – grand large – nav en sécurité. Il faut tenir compte des courants et du vent. L'option Ouistreham serait la meilleure. Calcul avec le compas ensuite soit 5 nœuds de fond – 18h15 dans le chenal – ¾ d'heure dans l'écluse – le chenal 19h00 à Ouistreham à 19 h00 – un peu juste on prend l'heure de départ de sécurité 14h30 – canal de Caen 14 Km = 7 miles - canal maritime qui permet de gagner la ville de Caen – recalcules – 21h00 arrivée dans la ville – tout le samedi pour remonter, dormir à Ouistreham – 3 ponts mobiles – vitesse limitée à 7 nœuds.
Solution : on peut aussi rentrer à Houlgate – impossible coef 45.
Trouville petit port de pêche situé au confluent de la Touques et du ruisseau de Callenville vit, en 1825, ses derniers moments de tranquillité. Un engouement rapide d'artistes (Eugène Boudin, Claude Monet) et d'écrivains (Alexandre Dumas, Marcel Proust, Gustave Flaubert) lui permet d'acquérir sa notoriété actuelle "La reine des plages" (doc OT).
Retour au boat et briefing (voir en gris).
Après hallucinations … Denis avait acheté, entre autre, d'immondes croks violettes (en promotion un maillot de bain pour sa femme…ne sachant pas trop d'ailleurs sa taille. Bref il ramène le maillot taille 40-42 à bord, téléphone à sa femme qui juge qu'un 38-40 aurait été plus avisé). Et voilà qu'il me demande d'essayer le bas (1re fois que je mets un brésilien) et à Cécile d'essayer le haut… et les commentaires qui vont avec "Ma femme en a un peu plus la jauge dans l'œil mais ça devrait aller !" Je n'imaginais pas qu'une croisière Moitessier c'était ça.
État du bord : Denis nous fristouille des spaghettis aux sardines. Cécile et Alain cassent des noix pour l'apéro. Christa elle, envisage de prendre l'apéro dehors – il est 21h00, il fait nuit et froid – "Un vrai King" dira Denis. Il faut quand même conter une de ses blagues :
- Un jour qu'il se promenait, il rencontre 1 mec avec 2 valises qui semblaient fort lourdes. Il lui demande ce qu'il y a dedans. Le mec ne dit rien. Il insiste, insiste, alors le mec ouvre la 1re valise. Il y a une énorme bestiole toute dégueulasse. Denis s'étonne et le mec lui dit "C'est une grosse mite" Ah bon… et l'autre valise… "Il y a un génie dedans" dis le mec et il ouvre sur l'insistance de Denis perplexe. Le génie sort de la valise, se frotte les yeux, alors Denis féru en génies lui demande s'il peut réaliser 3 vœux. Le génie grognon et un peu sourdingue lui dit "non, un seul". Va pour un vœu, alors je voudrai 1 million, non 1 milliard dit-il. Alors le génie fait abracadabra, s'enroule, lâche une grosse fumée et oh stupeur ! un BILLARD apparaît devant les yeux médusés de Denis… Celui-ci râle et dit au mec qui avait les valises (voir début de l'histoire) j'avais demandé 1 milliard et regarde ce qu'il ma apporté…alors le mec lui réplique "tu crois que j'avais demandé une grosse MITE !"

Vendredi 11 – "Mon idée de paradis terrestre c'est Deauville sous le soleil" disait Marcel ACHART. Harrison FORD arrive en hélico au festival du cinéma… Denis est vénère parce que la météo n'est pas fiable – poste d'infos, la capitainerie ce matin tout était OK pour notre programme… mais Christa, restée à bord, alors que nous arpentions les rues de Deauville, a entendu un avis de BMS.
Deauville donc ce matin. Chicos à n'en plus pouvoir : chocolat chaud à 6€50 en terrasse chez Dupont – excellent au demeurant - quant à mon jus d'abricot c'était, Madame, un nectar d'abricot (7€23 !) Un petit tour aux portes de Deauville avec les maisons type marine et le bateau juste dessous, puis l'hôtel Normandy Barrière avec une star qui arrivait, j'espérais un peu Clint EASTWOOD… non. Puis l'entrée du festival du cinéma américain avec le tapis rouge. Chicos tout ça, du silicone partout dans les vieilles ou non vielles rombières citées plus haut. J'arrête, l'omelette aux tapas arrive c'est sacré… divin, avec une salade à l'échalote, tout ça sur fond de défense du sarkosysme… j'étais au courant certes ! mais j'ai réussi à placer "El pueblo unido jamás será vencido" les copains seront contents ! On s'équipe, on vaisselle et on part.
Enfer et damnation, le cahier a pris la mer, il était sous le hublot de la cabine avant et a récupéré quelques embruns.
Météo pour demain – cross Jobourg. WE → f.7 BMS jusqu'à 21h30 pas de prolongation – nuit vent faiblissant – mer agitée à peu agitée UNE f. 6→7. Samedi WE 5.6 le matin puis 6 à 7. Dimanche WE f. 3→5 – fraîchissant 5→6.
Revenons-en à note nav. Le passage de l'écluse là aussi craignos ! Cécile a failli partir avec l'amarre. 20h00 enfin à Pegasus "notre" place est libre. Notre barbecue est toujours là, Denis a dégotté un bidon pourave (nous l'appellerons pare boite Moitessier) pour seconder nos pare battages bien éprouvés par l'écluse précédente.
Fristouille dans le four une épaule d'agneau accompagnée de son ballet nautique de patates – l'apéro est en route – le gueyrosse accompagnera nos agapes. Merci Peyo jamais château Gueyrosse ne fut autant apprécié après la journée que nous avons passé. Demain devrait être plus calme avec la remontée du canal jusqu'à Caen où se tient un rassemblement de vieux gréements. Fin de soirée avec quelques parties de uno sans avoir réussi à éclaircir le mystère du grand bruit, alors que nous dégustions l'épaule de mouton.
L'équipage en pause sur le pont. Personne n'a l'inspiration pour griffonner quelques mots, Krista avec un K est plongée dans une littérature saine, un libé un peu ancien. Cécile mate l'équipier du Tasmanie qui s'est amarré à côté de nous. Denis, après son footing, s'est aspergé de produit anti-moustique et Alain finit la vaisselle… Un petit café chez Arlette et c'est parti. Attendons que le Pegasus Bridge se lève 10h15. Pas mal d'air encore ce matin les bateaux sont sur le starting-block pour partir.

J'ai rêvé de naviguer sur un canal.

Quelle quiétude, la lune en a oublié de se coucher, derrière nous de vieux gréements aux voiles garance, Nomade se repose 15 nœuds de vent quand même… Il nous pousse et le génois s'amuse (au grand dam d'Alain) à passer de tribord à bâbord puis de bâbord à tribord "usque ad finem"… La piste cyclable parallèle au canal, un bateau de musiciens qui va à la fête à bâbord, des cygnes… des avirons… une parade multicolore… un jeune chevelu (foutu gauchiste sûrement) sur un voilier sans voile au moteur et à la musique à fond passe et repasse, Cécile a fait une touche. Affale le génois à 11h20 – 2° pont en vue – un petit thé, sucré pas sucré c'est selon – 11h30 passage du 2° pont et du Basse- Normandie – profile gauche et portable à l'oreille – envoyé le génois tout de suite après le pont.
La grand-copaise de Caen nous passe devant. Un petit truc blanc avec de faux winchs et un tonton avec son gilet de sauvetage fait de même. Des grues jaunes et bleues, des citernes on approche d'une zone industrialisée et le génois continue à passer et repasser. Alain et Cécile font un peu de "muscu" ce matin sous le regard goguenard des canards.
Passage sous les 33 mètres – on empanne, 1h30 à la voile depuis Pegasus. SNSM en zod prend la tête de l'armada. Christa, musique dans les oreilles, clope au bec arbore fièrement un tee-shirt TML École de croisière (Tee-shirt offert par l'asso vu qu'elle avait oublié d'en prendre).
Beaux voiliers sur le Brel Adriana 60 pieds open route du Rhum – Denis commente il les connaît tous !
À rouler le génois bien serré midi -2, de petits cumulus annonciateurs de temps plus clément – anticyclone – Cécile dit bonjour à tous les mecs seuls qu'on croise. Il faut bien que le corps exulte ! De vieilles grues centenaires, voire hors d'usage, montent la garde à l'entrée de la ville. Des poules d'eau en berge.
Première fois que Denis vient à Caen, Corto Maltese himself a sauté de mon cahier et nous salue sur la berge. Splendide cette arrivée à Caen. 3° pont passé à 12h10. J'arrête il faut se concentrer sur l'arrivée. Difficile de trouver où se poser… et c'est là que commence ma MISSION car je suis responsable du pare bat volant ! Une semaine de responsabilité hautement importante ! 12h25 attaches au quai au fond du bassin – Appel à la capitainerie du port de Caen 7h00,. Le pontonnier ne répond pas. Juste le temps d'aller se faire un petit restau… dur à trouver, surtout qu'on cherché des tripes à la mode de Caen. Denis y tenait, alors que nous, les moussaillons se serions contentés d'une galette saucisse sur le port… mais non, il est chiant ce Denis, un qui a fait tout le tour du port. Mais le plus chiant c'est qu'il a toujours, souvent, la plupart du temps raison. Mon avis, dans cette brasserie Martin les tripes seront bonnes. Le patron n'en avait qu'une, il a été en chercher chez le boucher champion du monde de tripes… authentique. Déjà le cidre est fameux… et les tripes idem !
Samedi 12 départ 11h50 – ça piaule toujours autant – un BMS était passé pour cet après-midi, 1026 le baromètre… la fête des vieux gréements, pas trop de monde ce matin sûrement en raison du temps. Le port de Caen est situé au bout d'un canal animé, en plein cœur de la ville, le bassin de plaisance est une escale où s'entremêlent histoire et modernité. Vu l'Alcyon de Cousteau principe une turbovoile, étrange bateau. Petite visite, ensuite, dans un chantier maritime de reconstruction. Une association cherche à redonner un avenir aux bateaux témoins de leur époque – touchant ces vieilles coques – un des 1er vauriens tout en bois – un 420 aussi (dans les plus petits). Association donc, de sauvegarde du patrimoine maritime, un peu poussiéreux, un peu vétuste mais au parfum d'authenticité. Christa et Cécile se sont fait alpaguer par le conservateur qui a bien failli leur faire le coup de la pétole entre deux vieilles coques ! On les a attendues 20 minutes.
15h30 – passage du 2° pont, l'éclusier sortait de table, au vu de sa démarche hésitante ! Une armée de foulques se sauve devant l'étrave, une vedette de Normandie et sa cargaison de 3ème âge nous double – les goélands fuient le vent et cherchent refuge à terre.
Petit dicton glané par Cécile sur le pont de Caen : " Quand un goéland se gratte le gland, c'est signe de mauvais temps". Joli et poétique en diable – Arrivée "chez nous" (Pegasus) à 16h00.

→ météo → 21H U NE → f7 menace grand frais dimanche 15h → 21H cross Jobourg origine Météo France le Havre.
On est complètement saoulé par le vent. Après un petit tour à Bénouville, retour au chaud à la casa… mais on n'avait pas assez d'eau pour demain… 3 Km pour aller au supermarché le plus proche pour donc, 4 litres d'eau. C'est ça aussi la navigation à voile en croisière ! la tuile au retour : 2 camping-cars à ras du quai dans nos hublots et en plus ils préparent un barbecue à ras du plastique du bateau. Christa dit : "on va quand même prendre l'apéro dehors" restons optimistes.
34 000 à faire demain. Denis est à la table à carte, soit 9 heures à partir de l'écluse d'Ouistreham en faisant 4 nœuds de fond en moyenne.

Dimanche 13 - BMS 11h56 – 5h19 = 6 h37 que je divise par 6 = 1h06 / 11h56 moins 1h06 = 10h49. Alain et Christa avaient tout calculé. Denis vérifie, Cécile pèle des pommes pour le gâteau de demain. Calcule pour les écluses maintenant, la 1ère à 7h00, ce qui nous ferait arriver 9 heures plus tard. Il faut être à l'écluse à 6h45 – 20 minutes pour y aller 6h05, soit un lever 5h30. Tout ça promet une journée inoubliable – peut-être se faire 2 heures de moteur pour gagner du temps – possible au point de vue courant – calcul avec l'écluse à 5h15 – soit lever 3h45. Tout sera fonction de la météo de 8 heures. Faut-il qu'on aille s'amarrer plus
loin ? C'est fait et Denis a même fait visiter le bateau aux voisins – provocateur à ses heures mais tolérant ! Lors d'un jet de farine (au vent) j'ai repeint Nomade et le quai en blanc – j'ai tout à apprendre décidément ! Par exemple, les autres ont leurs vêtements, leur duvet bien rangés dans leur sac marin… bien moi, qui ai bénéficié (le privilège de l'âge ou du noviciat) de la cabine avant, j'ai tout sorti, tout dispersé sur la couchette, le bordel quoi et le soir… à ma grande stupéfaction mon duvet était mouillé, c'est l'aération et avec les paquets de mer qu'on s'est pris… rien d'étonnant… de ce fait j'ai compris pourquoi ils avaient leurs affaires bien rangées dans leur sac !
Le barbecue attend les magrets.
Alain à la frontale attend la nuit. Denis attend la fin de son rosé pour … faire remplir son verre. Christa attend que sa clope finisse pour en allumer une autre. Cécile attend que le magret soit cuit. Bref tout le monde attend et l'attente est propice aux rêves "et mes rêves légers ne se sentent plus d'aise"
Redescendons sur le quai, barbecue merguez en camping-car, magret en voilier – ils picolent… nous aussi – l'alcool langage universel.
Lever 5h30 – difficile - pour Christa petit déj rapide, pipi et c'était parti – un petit coup de karcher pour le boat – passage de l'écluse tous garés par le péchou devant nous. En mer à 7h23. J'oublie une prise de mer avec un énorme pare batte un peu usagé – GV et moteur sur 1 H – le soleil se lève, c'est beau, un goéland nous accompagne – il ne se gratte pas le gland c'est bon … confirmé par la météo à peu près favorable – 4-5 mer agitée à peu agitée – Envoyons le génois – mis toute la voile à 8h30 – Cécile à la barre, Denis aux manœuvres, Alain au winch, Christa dodo – 1h30 à la barre de 5 nœuds 21 à 1-54 (tout le monde dormait, faut croire que ma manière de barrer était particulièrement soporifique, puis 4-20 je me suis régalée.
13h10, avons remis le moteur – il nous reste au moins 15 miles – soupe chaude, cake, gâteau aux pommes, charades, sieste me, soleil et puis… En 5 minutes le vent s'est levé et est passé de force 2 à 6 et ce, jusqu'à l'arrivée à 17h00 au Havre. Le manège s'est emballé y'avait pas de queue de Mickey et il ne s'arrêtait jamais et il montait et il descendait (8 nœuds au près faut le faire…) Denis exultait et nous aussi. Le Havre a fini par se rapprocher nous n'étions pas le seul voilier en mer (comme les autres jours). C'était dimanche et il y avait une régate. À 17h00 pétantes comme dit un animateur de France Inter et comme prévu nous étions amarrés au ponton de départ (après un passage à la pompe pour faire le plein. Denis nous avait annoncé 2 heures de nettoyage du bateau – 19h00 fin du nettoyage. 2 heures effectives pour refaire une beauté au Nomade, traquer le spaghetti jusque sous les planchers, faire la course aux cheveux et autres marques de pilosité jusque sous les cousins, laver et frotter le pont à grande eau. Cécile en a perdu le balai brosse qu'un charmant jeune homme lui a ramené – aller récupérer la drisse de GV qui en avait profité pour aller discuter avec les barres de flèches – vider et jeter toute la nourriture restante (peu en fait, Denis ayant assuré là aussi) – donner le dernier litre de côtes de Blaye à Alain responsable de TML… puis se boire un petit pot vite fait, chacun devant repartir eux pour Paris, moi pour Fougères (250 km). Quelques marées plus tard 750 km plus au sud les courants m'ont ramenée dans ma terre d'Aquitaine, loin de la Baie de Seine. Fini de tanguer, j'ai cessé de chalouper. Mes nuits sont encore pleines du choc et du bruit des vagues. Comme dans une écluse le flot du quotidien s'engouffre dans mes journées.
Il est temps de conclure. Dire à tous ceux qui m'ont permis de vivre cette aventure qu'elle fut extraordinaire (non le Nomade n'était pas un navire au tirant d'eau plein de routine. Dire merci à Peyo qui fut à l'origine de tout ça. Dire à ceux qui m'ont accompagnée à bord que je suis heureuse de les avoir rencontrés. Cécile la douce barreuse au grand vent, Krista la taciturne reine de la table à cartes, Alain le cool "wincheur" émérite et Denis navigateur hors pair, cuisinier hors normes… bien sûr nos bords politiques nous opposaient mais la mer en a-t-elle réellement quelque chose à faire ?

Sans oublier les goélands compagnons du vent et redoutables météorologues…!

La Loubine
Septembre 2009

J'ai navigué sur des mers moins formées.
20 miles de Deauville à Ouistreham – 1 heure de calme relatif 5-6. Cécile avait du mal à faire du 5 nœuds et puis ça a monté, monté, la mer s'est creusée. Un bon 7 bien établi des creux de 2 mètres. Éprouvant ! Sportif – t'es content quand c'est fini, le bruit du vent, le manège infernal des vagues.
5 jours de BMS… – extrêmement inconfortable – extrêmement ensoleillé (Denis) – extrêmement venteux et décoiffant (Cécile) – extrêmement jouissif, grisant, fou (Alain) – extrêmement agréable pour Christa.
Travail collectif en réponse à la question : donner un adjectif traduisant votre ressenti pour la nav de cet après-midi. Parole de prof !
Merci à Bernard Moitessier qui nous à accompagné dans nos pencées tous les jours de notre très petite route.

Pour ceux qui n'ont pas lu "la longue route", vous pouvez le faire sur le lien :
http://incommensurablement.unblog.fr/files/2008/10/lalongueroutemoitessier.pdf

pour ceux qui ne connaissent pas B. Moitessier ( il y en a ?) un petit film sur le lien :
http://www.allboatsavenue.com/bernard-moitessier-le-globe-trotter-des-mers